Un besoin de spiritualité
Par Nolwenn Huyart – ActivMag juin 18
Si on parle de plus en plus de spiritualité, sait-on pour autant vraiment de quoi il s’agit ? Depuis une vingtaine d’années, religion et spiritualité ne se confondent plus. Nous serions d’ailleurs un bon tiers à vivre une spiritualité distincte de toute pratique religieuse.*
Vers une spiritualité laïque
André Comte-Sponville explique, dans son essai « L’esprit de l’athéisme », que la spiritualité, qui n’est pas une doctrine mais une dimension de la condition humaine, est la vie de l’esprit. Et que cette question concerne tout le monde, pas seulement le religieux. Nous sommes habitués en Occident à ce que spiritualité et religion ne fassent qu’un, alors que de grandes spiritualités sans religion, c’est-à-dire sans Dieu, ont traversé les époques et marqué la pensée humaine, comme ce fut le cas des sagesses grecques, et toujours du Bouddhisme ou du Taoïsme.
A en croire l’affluence des magazines et ouvrages parlant du sujet, Psychologies Magazine vient d’ailleurs de lancer son nouveau mook « Spirit », une nouvelle spiritualité, celle-ci laïque, se dessine au cœur d’une société en mal de sens et de profond.
Une dimension déjà présente
Qu’est-ce donc alors ? pour certains auteurs, la spiritualité est envisagée comme une fonction naturelle de nous-même, comme manger, boire ou penser, que nous pourrions développer comme nous le faisons avec la mémoire et l’intellect. « Une voie de croissance et d’éveil, une façon d’explorer nos dimensions à la fois plus profondes et plus élevées », selon le Dr en Sciences Physiques Alain Boudet. S’ouvrir à sa dimension spirituelle, comme si elle faisait partie intégrante de tout individu mais parfois ignorée, pourrait signifier notre besoin d’une vie intérieure, de se sentir profondément exister, relié au monde et aux autres. Autrement dit, de nous sentir plus vivants et plus humains. Alors que la prière religieuse sert à nous plaindre et à implorer, la pratique spirituelle met au défi de nous confronter aux grandes questions de l’existence : la naissance, la souffrance, la mort, le sens de la vie et la manière que nous aurons, individuellement et concrètement, d’y faire face. C’est une aventure possible pour chacun.
Elle est partout
De la contemplation du lever du jour à l’écoute d’une cantate de Bach, en pratiquant la méditation zen ou en cultivant son jardin, la spiritualité est là où nous nous pouvons effectuer une connexion authentique entre notre monde du dedans et le monde du dehors. Qu’importe finalement le moyen. « La véritable spiritualité n’est pas une protection contre les incertitudes, la souffrance et les dangers de la vie. Elle n’est pas non plus un vaccin qui nous permettra d’éviter l’inconnu. C’est une ouverture au processus mystérieux de la vie dans sa totalité. » Jack Kornfield, célèbre aux Etats-Unis dans les milieux de la psychologie et du bouddhisme, explique que sous nos luttes, nous pouvons découvrir notre nature de Bouddha, c’est-à-dire des qualités de courage, d’intégrité, d’unité et d’appartenance. Ces qualités essentielles et universelles sont notre véritable nature et la rencontrer est une expérience sacrée et transformatrice. Tout ce qu’on pratique on le devient. Plonger dans les yeux de l’autre, intensément, tenir la main de celui ou de celle qui souffre, sourire à la brise sur son visage, honorer d’être vivant chaque matin, nos petits riens sont aussi nos grands tous. Oui, la spiritualité est partout.
Elle est dans le cœur de chacun.
Infos/biblio
* Sondage Psychologies Magazine/BVA
* « Périls et promesses de la vie spirituelle » de Jack Kornfield-Ed. La Table Ronde
* « Les nouveaux aventuriers de la spiritualité » de Jean-François Barbier-Bouvet-Ed. Médiaspaul