Et si j’arrêtais de me plaindre ?
Par Nolwenn Huyart – ActivMag mai 19
« J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé. » Cela devrait être aussi simple que cette pensée de Voltaire et pourtant la plainte, le ressassement, la « râle attitude » remportent un franc succès dans notre société d’humains jamais contents.
Pourquoi se plaint-on ?
En déchargeant nos émotions, on se sent mieux, c’est incontestable. Se plaindre, c’est légitimer notre souffrance et, souvent, justifier que l’autre, la vie, le monde sont les très grandes causes de notre situation. Incriminer quelque chose ou quelqu’un en dehors de soi est une façon de redorer son blason et de s’incarner victime. Et rien de tel qu’une bonne vieille coquille d’œuf sur la tête et le rabâchage d’un « c’est vraiment trop injuste » pour attirer l’attention et la compassion. François Roustang voit dans l’ego « une baudruche gonflée d’orgueil ».* Se plaindre sans cesse est un frein à notre évolution. En rendant les autres responsables, on oblitère que parfois il aurait mieux valu dire non que de se retrouver à garder le chien de sa voisine un long week-end de Pâques. Arrêter de se plaindre c’est commencer à grandir en se ressaisissant de son histoire personnelle.
Le cercle vicieux du pessimisme
Tout-de-même, comment ne pas être tragiquement touché par une femme racontant ses multiples échecs amoureux à cause des abus qu’elle a subis dans l’enfance ? mais comment aussi se donner la chance de vivre au présent, avec des projets d’avenir, quand on est enfermé dans le passé ? plus nous souffrons, nous nous plaignons. Et plus nous nous plaignons, plus nous souffrons. Des études américaines ont démontré que râler était aussi mauvais pour la santé psychique que physique, en tant que générateur de stress (altération immunitaire, risques cardiovasculaires, diabète, etc.) Le psychiatre Steven Parton explique que plus une pensée est utilisée, plus on y pensera facilement et régulièrement. « Le cerveau garde en mémoire les connexions que vous avez créées lors de vos pensées précédentes et simplifie leur trajet. » Ainsi, les boucles de pensées négatives se perpétuent, comme un cercle vicieux. « Cette situation arrive quand les synapses qui représentent le négatif sont plus proches et mieux connectées entre elles que celles qui traitent du positif. Naturellement, la pensée qui gagne est celle qui a le moins de distance à parcourir, et donc ici, c’est la négative » commente le Dr Parton. Bref, le pessimisme s’entraîne … .
Agissez !
Les pensées négatives influent sur notre humeur, comme les gens. Imaginez-vous entouré, lors d’une soirée, de personnes critiques, moqueuses, avec une certaine appétence pour les cancans. A moins de prendre ses jambes à son cou, contraint d’être à proximité de « jamais contents » peut influer sur notre personnalité. A grincheux ½, on devient alors grincheux à temps plein. Si bien s’entourer est essentiel, une reconnexion à soi-même, avec une autre vue, l’est tout autant : « Il y a quelqu’un en moi qui va bien et auquel je n’accorde pas une attention suffisante » explique François Roustang. Au lieu de se recroqueviller et se lamenter, il est recommandé de faire face et d’agir. Il faudra penser à changer de travail si votre chef est pervers ou à s’arrêter quelque temps pour récupérer.
Biblio
* La fin de la plainte de François Roustang – Ed. Odile Jacob